vendredi 19 décembre 2014

Se sentir plus jeune aide à vivre plus vieux

Les seniors qui se sentent plus jeunes que leur âge réel ont un risque diminué de mourir dans les années qui suivent.

Et s'il n'y avait pas besoin de manipulations génétiques complexes, de nanomédicaments miraculeux ou de pratiques exotiques pour conserver sa jeunesse? Les travaux de deux chercheurs de l'University College de Londres, qui viennent d'être publiés dans la revue internationale Jama Internal Medicine, semblent en effet confirmer le proverbe qui prétend que «l'âge, c'est dans la tête».

Isla Rippon et Andrew Steptoe ont observé la longévité de 6489 personnes âgées en moyenne de près de 66 ans. Premier constat, la majorité d'entre elles (70 %) se sentait au moins trois ans plus jeune que son âge, 25 % avaient un âge perçu correspondant à leur âge réel et 5 % s'estimaient plus vieilles d'au moins un an qu'elles ne l'étaient en réalité. Des différences de perception qui ne sont pas surprenantes, car de nombreux paramètres peuvent modifier l'âge perçu. Les jeunes ont ainsi souvent l'impression d'être plus vieux que leur âge, et certaines situations, comme les problèmes de santé grave ou un deuil, allongent l'âge perçu.
Mais le plus intéressant dans cette étude anglaise est la mortalité des différents groupes, avec un recul moyen de plus de huit années. Elle varie en fonction de l'âge perçu au début de l'étude.
Alors que la mortalité est de 18 % dans le groupe ayant l'impression d'avoir son âge, elle est à 14 % (différence non significative statistiquement, notent les auteurs) pour les plus «jeunes dans leur tête», mais, surtout, atteint 24 % dans le petit groupe de ceux pour qui l'âge pèse d'avantage qu'il ne le devrait.



Prédiction autoréalisatrice
«L'analyse séparée des causes de décès montre une forte corrélation entre l'âge perçu et les morts de cause cardiovasculaire, mais pas d'association avec les décès par cancer», remarquent aussi les chercheurs. Ce qui conforte la théorie de la prédiction autoréalisatrice selon laquelle ce sont précisément ceux pour qui le poids de l'âge pèse le plus qui ont les comportements de santé les moins vertueux. Alors que les autres ont tendance à davantage prendre soin de leur santé et à suivre les conseils de leur médecin. Or les facteurs de risque modifiables sont plus nombreux sur le plan cardiovasculaire qu'en ce qui concerne le cancer.
L'état de santé initial des participants à l'étude ne joue qu'un rôle mineur, car Rippon et Steptoe montrent que la mortalité est tout de même accrue de 41 % pour ceux qui se sentent plus vieux que leur âge, lorsque l'on tient compte de leur santé dans les comparaisons statistiques des groupes.
Une autre étude menée il y a une douzaine d'années par des chercheurs de Yale (États-Unis) et de l'université de Miami avait montré que l'âge perçu avait «un poids plus important sur la mortalité des vingt-trois années suivantes (l'étude n'allait pas au-delà, NDLR) que le genre, le statut social, l'isolement et la santé».


Se sentir jeune se traduirait notamment par un plus grand appétit de vivre. C'est pourquoi les chercheurs de Yale dénoncent une vision monolithique de l'âge: «Certaines personnes âgées sont incapables de lutter contre l'internalisation des stéréotypes négatifs liés à l'âge, mais nos données montrent qu'un nombre considérable y parvient parfaitement.»

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