lundi 22 décembre 2014

Insolite : le croco coquin s'accouple trop

Comment faire comprendre à un animal que la reproduction à tout-va n'est pas le meilleur moyen de préserver la spécificité de son espèce ? Une étude menée par une équipe de chercheurs canadiens et cubains, publiée en octobre dans la revue Heredity (une publication de Nature), vient de démontrer que le crocodile de Cuba – un grand reptile qui peut mesurer jusqu'à 5 mètres, mais aussi l'une des espèces de sauriens les plus menacées du monde – accélère lui-même sa disparition. En cause, son comportement sexuel : il s'accouple sans relâche avec le crocodile américain, une autre espèce elle aussi présente sur l'île, signale le magazine scientifique indien Down to Earth.
Croisements sauvages
Le crocodile de Cuba, qui était autrefois présent dans toute l'île et les Caraïbes, n'existe plus aujourd'hui que dans deux zones : les marais de Zapata, sur l'île de Cuba, et l'île de la Jeunesse, la deuxième plus grande île du pays. La population totale n'est que de 4 000 individus.
C'est en analysant les marqueurs génétiques de 227 crocodiles sauvages et 137 crocodiles de la ferme des marais de Zapata que les chercheurs ont constaté que le degré d'hybridation des crocodiles sauvages était bien plus élevé que prévu : 49,1% étaient issus de croisements avec d'autres espèces, contre seulement 16,1 % chez les captifs.


Evolution ou dilapidation ?
Selon la revue Scientific American, cela signifie que les gènes de crocodiles de Cuba disparaissent peu à peu au profit des gènes de crocodiles américains. Et que l'espèce cubaine perd, avec sa diversité génétique, sa capacité à s'adapter à son milieu et aux défis environnementaux. Une thèse contestable. Car le croisement est aussi une façon de survivre et de transmettre son patrimoine génétique.
L'argument est d'autant plus discutable que les crocodiles américains auraient apparemment récupéré des gènes de leurs cousins cubains il y a déjà deux mille ans. "Nous ne savons pas si cette hybridation ancienne est un genre d'évolution complexe", indique à Scientific AmericanGeorge Amato, directeur de l'Institut Sackler pour la génomique comparative. "Mais, effectivement, les croisements que nous observons menacent la spécificité de chacune de ces espèces."
Il reste un espoir de conserver le crocodile cubain tel que nous le connaissons, rappelle Down to Earth. Environ 30 % des individus captifs possèdent un sous-ensemble de gènes spécifiques qu'ils ne partagent pas avec le reste de la population. Cela fait d'eux un réservoir qui pourrait être utilisé pour maintenir "la diversité génétique de l'espèce face aux assauts du crocodile américain".

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